Dix ans d’échanges entre auteurs et lecteurs à Morges. Hé oui, Le Livre sur les Quais, c’est déjà une décennie de joies intenses pour les amoureux du livre sous toutes ses formes! Et ce, dans le cadre enchanteur d’une jolie ville à taille humaine. Débats, croisières, expositions, et pour peu que l’on choisisse le samedi matin, le marché qui ajoute une note conviviale à ce début de mois de septembre. Une bien plaisante façon de prolonger un peu la période des vacances estivales !

Après avoir testé diverses formules au fil des ans, ma préférée, c’est de venir le samedi matin, justement, peu après l’ouverture du salon. Accompagnée d’une amie, j’arrive après une minutieuse préparation du matériel spécifique requis pour toute acheteuse de livres sérieuse, et… un chouïa compulsive : portable, portemonnaie, mouchoirs, sac à dos assez large afin de bien disposer les livres choisis sans risquer d’abîmer les couvertures. En cas de foule de lecteurs déchaînés, ledit sac, par oscillations latérales volontaires, permettra de se frayer un passage l’air de rien !Il faisait un temps gris mais sec, d’une fraîcheur parfaite, hier matin, puis le soleil a fait son entrée rayonnante au-dessus du lac. Ne pas avoir à gérer un parapluie détrempé lors du choix et de l’achat des livres (des gouttes sur mes livres, « stupeur et tremblements »!) est une valeur ajoutée au plaisir des déambulations sous les tentes.

Pas de croisière ni de débat en vue, mais l’envie de rencontrer des auteurs choisis, soit parce que j’ai apprécié leurs livres, soit parce que j’ai soif de nouvelles découvertes. Mes lectures me suivent partout, il y a toujours un livre dans mon sac à main.

Echanger quelques minutes avec un auteur de chair et de sang, permet parfois de découvrir des facettes de sa personnalité, voire de son univers d’écrivain. Lire un ouvrage dédicacé apporte vraiment une touche affective supplémentaire…

Et puis j’aime beaucoup observer les gens qui écrivent, que ce soient mes jeunes élèves, les participants aux ateliers d’écriture, et bien sûr les écrivains. Il y a ceux qui se concentrent sur leur tâche, ceux pour qui il s’agit d’un exercice un peu convenu, ceux qui ont sincèrement l’air d’apprécier cela.

Tous les auteurs approchés hier se sont prêtés au jeu avec une grande gentillesse. Ils ont même tous accepté d’être pris en photo pour mon modeste article, j’en suis touchée, car j’imagine bien que cela doit parfois être un peu casse-pieds, l’exercice répétitif des photos et autres selfies. Un grand merci à eux pour le temps qu’ils m’ont accordé.

Alors voici un petit retour sur ces écrivains aux univers si variés, dans l’ordre des dédicaces du jour.

Tout d’abord, je retrouve mon homonyme, Mathias Howald, rencontré en décembre dernier, lors d’un atelier d’écriture qu’il a animé avec son compère Benjamin Pécoud, du collectif Caractères Mobiles. (Cf autre article à ce sujet sur ce blog). Ayant apprécié son premier roman, Hériter du silence, je suis heureuse pour lui que son livre reçoive justement aujourd’hui le Prix du public de la RTS. Là, je me réjouis de lire Au village, un ouvrage relatant d’une expérience très originale justement menée par Caractères Mobiles dans laquelle les écrivains, devenus écrivains publics pour l’occasion, ont répondu à des demandes de textes précises des villageois. Et bonne nouvelle, Mathias a un nouveau roman bientôt terminé…

  

Ensuite, achat d’un roman policier, Le miroir des âmes, du neuchâtelois procureur de la République Nicolas Feuz. Voici ainsi l’occasion de découvrir cet auteur, par le biais d’un tueur en série qui a pour habitude de couler du verre de Murano dans la gorge de ses victimes. (Gloups, la mienne se serre, je prendrai bien un petit verre d’eau fraîche, du coup !) Il nous explique qu’ainsi que son ami, l’autre auteur de polars suisse romand Marc Voltenauer, il va sortir en novembre un polar pour la Jeunesse, dans la collection Frissons suisses. Ces deux ouvrages m’intéressent, car ils sont sans nul susceptibles d’intéresser mes jeunes élèves : Black Justice 1.0 de Nicolas Feuz et Taveyanne, la porte du diable de Marc Voltenauer.

  

On passe au jeune auteur Quentin Mouron. J’ai lu certaines de ses chroniques dans les journaux et des articles le concernant, mais encore aucun de ses romans. J’opte pour Vesoul, le 7 janvier 2015, car depuis sa sortie en début d’année, j’ai bien envie de me plonger dans ce que l’auteur décrit comme « une farce en forme de tragédie ». Ce livre, en lien avec le monde actuel,  a l’air particulièrement original et intéressant. Il est à noter que ce texte est lice pour le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne. Sur la photo qui accompagne le livre, Monsieur Mouron a un petit côté écrivain sombre et maudit non dénué d’intérêt… Heureusement, en vrai, le livre qu’il m’a dédicacé n’a pas pris feu (j’aime autant!) et son regard n’était pas du tout menaçant mais au contraire, tout ce qu’il y a de plus bienveillant.

  

Ensuite, c’est un immense plaisir de retrouver Gaëlle Josse. Cette dame, déjà rencontrée l’année dernière est charmante. J’adore son style d’écriture et le fait qu’elle emmène le lecteur avec beaucoup de subtilité dans les âmes de ses personnages, dans lesquelles elle s’immisce avec une grande finesse. On échange sur cette incroyable photographe méconnue de son vivant, Vivian Maier, l’héroïne de son dernier roman, Une femme en contre-jour. Je ne peux que recommander Les heures silencieuses et Une longue impatience, ce sont de véritables petits bijoux littéraires.

  

Et puis vient la rencontre que je ne voulais surtout pas manquer, celle d’Olivier Norek, l’ex-lieutenant de police et auteur de romans policiers, parmi lesquels ce livre impossible à lâcher et à oublier : Entre deux mondes. Il se déroule principalement dans l’immonde parc de migrants surnommé à juste titre : la Jungle de Calais… Après l’avoir terminé, ceci dit, il m’a fallu un certain temps pour me remettre de cette baffe de misère humaine contemporaine reçue comme un coup de poing en pleine poire… Je signale à cet écrivain que peut-être il me sera difficile de lire d’un coup les trois livres de sa plus ou moins trilogie (on peut les lire dans le désordre, ou un seul), puisqu’ils sont basés sur des faits réels très violents. Code 93, Territoires et Surtensions. Olivier Norek livre-là son vécu quotidien de lieutenant de police. Monsieur Norek est un monsieur très sympa, aimable et doté d’un sens de l’humour top! Un très chouette moment.

  

Et enfin le plaisir d’échanger quelques mots avec le grand écrivain américain (de mère française) Jim Fergus, dont l’œuvre est avant tout en lien avec sa passion pour la culture cheyenne, passion qui remonte à son enfance. Un monsieur adorable, qui s’exprime dans un excellent français. J’ai découvert et adoré son livre Crysis, lu en français, il y a quelques semaines. (Celui-ci n’était pas en lien avec la thématique des Indiens d’Amériques). Je me réjouis de poursuivre avec la lecture de son ouvrage sans doute le plus célèbre : Mille femmes blanches. Une fiction dans laquelle en 1874, mille femmes blanches sont échangées contre mille chevaux, dans le but d’assurer des descendants aux Cheyennes…

  

Après Le Livre sur les Quais, on se rend au Musée Alexis Forel, afin de voir l’exposition Tirage Limité. De nombreux artistes présentent des travaux extraordinaires, uniques, produits en très petite quantité et généralement coûteux. (Ce domaine très particulier vise avant tout des collectionneurs). Le livre devient ici une œuvre d’art en soi. Ces tirages limités sont un peu à mon sens au livre ce que la haute couture est au prêt à porter, des oeuvres quelque peu inaccessibles au plus grand nombre, mais fascinantes et originales.

Nelly Reymond, de Lausanne, une amie, présente son œuvre Balade de silence en bleu. Ses poèmes sont illustrés par ses gravures sur cuivre. Superbe à tous points de vue, je la félicite chaleureusement.

  

Dans le train du retour, je réalise combien je penserai avec joie à ces quelques heures passées à Morges dans cette édition 2019 du Livre sur les Quais. MERCI.

Francine, le 8 septembre 2019.