Sorti le 6 mars 2023 aux Éditions Zoe, « Faire paysan » le dernier ouvrage de Blaise Hofmann en est déjà à sa cinquième réédition et ce succès est plus qu’amplement mérité.

En quelques semaines « Faire paysan » a touché nombre de lecteurs/trices non seulement en Suisse romande, mais dans le monde francophone. Il y a fort à parier qu’il sera traduit dans d’autres langues, si ce n’est pas déjà le cas.

Je suis heureuse de le voir en grand nombre d’exemplaires et bien mis en valeur dans une grande librairie lausannoise, car il s’agit d’un de ces ouvrages que l’on peut qualifier de « nécessaire ».

Ce livre devrait en effet être lu par un maximum de personnes, car il interpelle chacun/e sur des points essentiels concernant notre avenir alimentaire proche et à moyen terme.

On le sait tous, s’il a été possible de faire l’impasse de la réflexion durant des décennies, la nourriture arrivant facilement sur nos tables, notre époque est à un tournant décisif par rapport à notre alimentation. Changements climatiques et géopolitiques, inflation, etc… nous contraindront tous et toutes inévitablement  à sortir à plus ou moins court terme de notre zone de confort insouciante.

En tant que citadine, disons-le franchement, je ne connais pas grand-chose à l’agriculture, aux défis que doivent relever les paysans/annes d’ici et d’ailleurs, à leur vie quotidienne, aux difficultés auxquelles ils/elles doivent faire face et à leurs craintes et espoirs concernant leur avenir et celui de notre alimentation quotidienne.

Je n’attribue pas cela à un manque d’intérêt de ma part, mais à une réelle méconnaissance de ce qu’il se passe sur le terrain. « Faire paysan » a le mérite premier de combler ces lacunes. Ensuite, il ouvre des pistes de réflexion étendues grâce à un travail journalistique poussé et méticuleux.

Blaise Hofmann fournit des informations, établit un état des lieux, nous renseigne sur l’histoire du métier de paysan/anne, mais il ne se veut en aucun cas donneur de leçon. Le but de cet ouvrage, comme il le dit lui-même dans les nombreux articles et émissions au sujet de son livre, est d’ouvrir un espace de dialogue qui fait défaut entre citadins/ines et agriculteurs/trices.

« Assis le cul entre une chaise et un botte-cul », je cite Blaise Hofmann. L’écrivain est fort bien placé, en tant que descendant d’une lignée de paysans mais ayant fait des études et vécu une quinzaine d’années en ville, pour être en mesure de comprendre ces deux groupes de personnes qui peinent souvent à se comprendre.

Toujours selon l’auteur, c’est son livre le plus personnel, dans le sens où il parle de ses parents, de sa famille. (« Deux petites maîtresses zen » est aussi un livre très personnel).

Je me permets une parenthèse. En tant que fille d’artisan, (mon père était maroquinier et son métier a été rayé de la liste des apprentissages il y a quelques années), mais ayant de mon côté fait des études, j’ai été très touchée, par « Faire paysan » dans ce qu’il relate de souvenirs personnels liés au métier.

On ne s’affranchit pas de ses origines et de ce qui a constitué le terreau de notre enfance et c’est tant mieux !

Blaise Hofmann est un écrivain à la fois voyageur et terrien qui entraîne avec bonheur ses lecteurs/trices aussi bien à l’autre bout du monde que devant leur pas de porte et c’’est précieux.

LE livre essentiel à découvrir ou, si c’est déjà fait, à passer plus loin.

Francine

Carte postale épinglée sur un mur de La Combe Hory, Val de Travers