Ce 22 janvier 2023, j’embarque les huit participantes de l’atelier dans un retour dans le temps à travers la magnifique exposition « D’après nature » proposée par le musée Photo Élysée de Lausanne. Cette dernière se concentre sur les années 1840 à 1890, soit sur les origines de la photographie en Suisse.
Nous commençons par visiter l’exposition dont la scénographie, des murs aux couleurs pastel est très belle. Les photographies sont particulièrement bien mises en valeur dans ce superbe musée ouvert en juin 2022.
Les différentes couleurs pastel des murs sont en lien avec les sept chapitres traités dans cette exposition. Les deux premiers relatent l’émergence d’un procédé entièrement nouveau et les cinq autres sont consacrés à l’influence du tourisme, à l’importance de la photographie de portrait, aux aspects commerciaux, aux approches artistiques, à la représentation du progrès.
On sait peu de choses sur les débuts du développement de ce nouveau medium qu’est la photographie. Longtemps, cette nouvelle invention reste réservée à un public restreint.
Ceux qui s’y intéressent font leurs propres essais, expérimentent des techniques très variées. En très résumé, il y a avant tout une altérité entre le daguerréotype sur métal et le procédé négatif-positif sur papier.
Le Français Louis Daguerre (1787-1851) crée et développe la technique du daguerréotype. Ce procédé sur métal donne des images brillantes et nettes, avec un effet de tridimensionnalité extraordinaire. C’est un procédé unique, on ne peut pas reproduire l’image créée sur une plaque de cuivre, rendue sensible au moyen de sels d’argent.
L’Anglais William Henri Fox Talbot (1800-1877) crée, puis publie en 1841 sous le nom de calotype, le procédé du négatif-positif sur papier. Comme le négatif papier ne constituait que la base des tirages positifs finaux sur papier salé, très peu d’exemplaires ont été conservés.
Il faudra attendre la fin du XIX ème siècle et des techniques de reproductions plus performantes pour que les photographies deviennent accessibles au plus grand nombre.
On constate à travers cette exposition que dès les débuts de la photographie, on va en Europe comme en Suisse essayer de tirer profit de cette invention dans divers domaines.
Les reproductions de paysages suisses se répandent dans le pays comme à l’étranger dans le but d’attirer des riches touristes.
L’industrie du portrait prend elle aussi rapidement son essor.
On va se lancer dans des « collections diverses » : costumes folkloriques, photos-portraits de personnes étrangères ou vagabondes ou estimées dangereuses pour la société, etc…
L’imagerie des clichés de la « suissitude », de même que l’intention de « ficher pour mieux les contrôler » ceux et celles qui effraient les bonnes gens (étrangers, vagabonds, malfrats, etc…) prennent racine.
Les premières photographies en lien avec les sciences, la médecine et les réalisations technologiques modernes voient le jour.
Et dès ses débuts, la photographie va se rapprocher de l’art de diverses manières. On colorise des photographies, on utilise des daguerréotypes comme base pour faire des gravures, etc…
On assiste également aux prémices de la photographie de reportage.
Le musée a mis à notre disposition une grande table située dans un espace médiation très agréable. Les participantes écrivent deux textes directement en lien avec les photographies exposées.
Un troisième texte est écrit à partir d’une lettre du général Henri Dufour à sa femme. Il mena ses armées à triompher du Sonderbund au milieu du XIX ème siècle. Ce héros, pas tout jeune, se plaint à son épouse au sujet de daguerréotypes représentant son visage et destinés à la gravure d’une médaille à son effigie. Il ne se trouve pas du tout mis en valeur… et espère que le graveur parviendra à corriger ce qu’il estime être des défauts dus au procédé photographique ! En résumé, il est assez amusant de constater que dès les débuts, les personnes photographiées aimeraient bien être fixées pour la postérité… sous leur meilleur jour ! La lettre se trouve dans le superbe livre de l’exposition.
Un immense merci au Musée Photo Élysée pour son accueil chaleureux et pour avoir mis à notre disposition un lieu approprié pour écrire et partager nos textes.
Francine