Présence diaphane

Je voudrais être l’eau qui coule. Je voudrais être l’eau qui. Je voudrais être l’eau. Je voudrais être. Je voudrais être une respiration. Être la simplicité d’une respiration. Être la simplicité. Il y a les roches. Il y a l’eau. Il y a la forêt. Il y a le vent. Je voudrais être la contemplation. Je voudrais contempler sereinement. L’eau qui coule ne se pose pas de questions. Elle ne se demande pas de quoi elle a l’air. Ni l’air non plus, d’ailleurs. Il est. Il erre. Il se contente d’exister. Il est libre, calme. Mais il a ses tempêtes aussi. Puis l’eau aussi d’ailleurs. Elle a ses tsunamis. Peut-être que je les idéalise, finalement. Toute chose possède en elle sa dualité, son contraire, ses tourments.

Cependant je crois en la simplicité que pourrait contenir une vie. Je crois que ça commence avec la paix du dedans. Avec l’acceptation de ce qui est, et l’amour.

Je crois que la nature fait beaucoup ça. Elle accueille. Elle respire dans cet accueil. Je ne crois pas qu’elle fasse comme nous les humains, quand on juge un état désagréable qu’on traverse. Elle, elle se laisse porter, traverser. Je crois qu’il y a un monde où on peut faire pareil. On me l’a dit, récemment, d’ailleurs. Qu’on pouvait se laisser traverser par les émotions, sans les emmagasiner à l’intérieur de sa peau. Je crois qu’on est bien plus grands que nos émotions. Ce qu’on est dépasse complètement les choses du mental. Il faudrait se détacher de lui. Pouvoir dire : je ressens de la tristesse. Je ressens de la colère. Je ressens de la joie. Quand on dit je suis triste, je suis en colère, je suis heureux, c’est comme si on était ces états. Ils se sont emparés de nous. Je voudrais faire plusieurs pas de côté de mes émotions. Trop habituée à plonger dedans la tête la première, cette idée me fait du bien autant qu’elle m’est désagréable et étrangère.

Mais j’aimerais pouvoir voir en plus grand. Sortir de l’ego. Ressentir l’indicible de l’être. J’aimerais qu’il ne me reste que les yeux pour voir.

J’aimerais que le cerveau s’enterre dans la terre et respirer dans l’éternité.

Fanny G.