Par un samedi matin particulièrement frisquet, nous sommes cinq participantes à nous rendre à l’atelier de Jérémie Gindre, à la rue de la Truite 4 bis, à la pointe de la Jonction, à Genève. Là, nous découvrons un lieu très sympa, l’ancienne Usine Kugler (fabrique de robinetterie). Cette dernière abrite depuis 2009 la FAK (Fédération des artistes de Kugler), regroupant 8 associations d’artistes, soit 220 personnes actives dans les domaines des industries créatives.
C’est toujours intéressant et agréable de découvrir « l’univers » d’un écrivain.
Le jeune homme nous reçoit dans un atelier fonctionnel mais coquet, où chaque objet semble avoir sa place. Sur les murs, des œuvres originales, parfois des extraits de textes reproduits sur des toiles. Le lieu est lumineux et confortable, et l’auteur nous accueille avec un café chaud, bienvenu.
Jérémie Gindre est un Genevois né en 1978. Il s’intéresse entre autres à l’histoire et à l’archéologie. Il a suivi des études aux Beaux-Arts, cadre dans lequel il a participé à des ateliers d’écriture. L’écrivain a toujours lié les arts à l’écriture, ces différents domaines sont présents dans son travail. Selon ce qu’il décide de faire, « la forme de son travail » va ainsi « se déterminer naturellement ». Jérémie explique alors qu’il se passionne aussi pour la géologie, la géographie, les sciences naturelles et « toutes les histoires de découvertes ». Ce qui le fascine, c’est « comment on a découvert les choses ».
Actuellement, il s’intéresse à l’apiculture. Son travail d’écriture est généralement en lien avec son parcours personnel et ses intérêts du moment.
Les formats, les formes et les contenus de ses livres sont très différents les uns des autres.
Ils partent tous, je cite : « d’un élan suscité par un intérêt qui déborde et devient matière à l’écriture ». Son œuvre compte des essais, des bandes dessinées, des récits de voyage, des guides de randonnées, des nouvelles, des romans etc…
L’écrivain nous explique ensuite qu’il y a souvent en lui un désir d’imitation. Il peut, par exemple, être très intéressé par l’idée de l’utilisation d’un objet, d’un personnage ou d’un élément lu dans le texte d’un autre écrivain et qui a agi sur lui comme une étincelle. Cette dernière sera le point de départ d’un travail qui, évidemment, une fois abouti, sera celui de Jérémie.
Ce concept s’illustre bien dans ses « tableaux-textes ». Il est à noter que ces derniers accompagnent souvent des expos et ne sont donc pas faits pour être vus individuellement.
L’écrivain est également très porté sur le pouvoir des descriptions, même s’il apprécie aussi les dialogues.
Dans son livre « Trois réputations », sorti en début d’année chez Zoé, « tout est vrai, mais éclaté, retravaillé ». Par exemple, les histoires de ces personnes ont existé, mais elles ont été transposées dans d’autres époques, d’autres régions.
Ces novellas reposent beaucoup sur des rumeurs, des « on dit que » … Comme l’auteur le dit très justement, un petit sourire au coin des lèvres : « La réputation, en positif comme en négatif, c’est le degré juste avant la légende ! ».
Je ne peux que vous recommander ce livre. Ces trois histoires sont distrayantes, originales. Elles font la part belle à la nature, aux descriptions vous emportant en deux temps trois mouvements en d’autres temps et d’autres lieux. J’ai particulièrement apprécié ces voyages extraordinaires et les personnages marginaux dont il est question. Dépaysement garanti !
Jérémie nous propose justement de retravailler, soit de mettre à notre sauce, un extrait de texte d’un(e) auteur(e) que nous devions choisir puis amener pour l’atelier. Ce nouveau texte sera encore travaillé par nos soins une seconde fois, puis nous devrons effectuer le même exercice, à partir du texte écrit par une autre participante.
Pour le repas de midi, Jérémie a choisi le restaurant Equalatino, à la rue des Deux-Ponts. On se régale de plats sud américains (riz, haricots rouges, bananes plantain, entre autres). Un moment d’échanges agréable et des mets ravigotants bienvenus en raison du froid et du travail de réécriture prévu !
Ainsi que les autres participantes, j’ai trouvé ces exercices particulièrement intéressants, voire fascinants, surtout lorsque l’on compare les derniers textes aux originaux…
Un immense merci à Jérémie Gindre pour sa générosité, sa gentillesse. Nous garderons toutes un excellent souvenir de cette journée.
Francine, atelier de Jérémie Gindre à Genève, le 26 septembre 2020.