Description n°1 du portrait, par la personne ayant choisi ce dernier.

Portrait d’un homme qui semble figé dans le temps. Dans ce clair-obscur, toute la luminosité se porte sur ce visage.

Son regard signifie autant la tristesse et la mélancolie que la douceur : comme s’il avait envie de nous raconter une histoire… Son histoire.

Ses yeux sont clairs et asymétriques : l’un plus fermé que l’autre semble fatigué. Il porte un chapeau et ses cheveux fins et gras tombent le long de son visage pour atterrir sur ses épaules. Son nez attire l’attention. Il se trouve, non seulement, au milieu de son visage mais également au centre du tableau, et bien que proéminent, il est harmonieux avec le reste de l’image et de ce qu’elle en dégage. Ses lèvres sont fines et serrées, dans une position neutre mais qui pourraient toutefois laisser entrevoir un léger sourire. Sa barbe datant de plusieurs semaines, voire mois, doit sans nul doute faire grimacer les petits enfants quand il s’approche d’eux pour les embrasser.

Noémie

Description n°2 du portrait, par une personne l’ayant reçu, sans l’avoir choisi

La tête émerge de l’ombre. Des cheveux longs ondulés entourent ce visage sombre. Le regard scrute la noirceur. Soudain les pupilles sont traversées d’une lueur. Enfin un peu de chaleur ? Les cernes dénotent-elles d’un manque de sommeil ? Ou marquent-elles les épreuves de la vie ? Les lèvres partiellement masquées par une barbe naissante s’étirent en un demi sourire. Va-t-il rire ?

A quoi peut bien penser cet homme ?

Suzanne

 

 

Histoire de ma rencontre à venir avec ce personnage, par une autre personne n’ayant pas choisi ce portrait.

Jack

Je vais te rencontrer par hasard, parce que ton regard usé mais affûté, tes cheveux filasses et ton visage fatigué ne me permettent pas de t’imaginer faisant partie de mon cercle de connaissances. Non, aucun de mes proches ne te ressemble et je ne parviens pas, par le jeu de la mémoire à concevoir que l’on se serait rencontrés par le passé. Tes yeux me font un peu peur, car on dirait qu’ils ont percé tous les secrets du monde.

La rencontre, fortuite donc, se fera peut-être dans la rue, en soirée. Tu seras assis sur le sol, à la sortie du métro. Moi, je t’apercevrai du coin de l’œil et je te collerai tout de suite l’étiquette : « encore un sans-abri qui va me demander de l’argent… »

Je presserai le pas, regardant droit devant moi. J’effectuerai sans doute même un léger détour, afin de te montrer que je n’ai pas le temps, que je veux rentrer chez moi, que je suis fatiguée, que bref, je ne veux rien savoir de toi.

Bien sûr, je ne serai pas fière, d’agir ainsi, plutôt honteuse, même…

C’est alors que mal à l’aise, je commettrai un impair. Je trébucherai, tomberai ou lâcherai mon sac sans faire exprès. Et toi, tu viendras à mon secours. Gentiment. Sans rien attendre en retour.

Je verrai alors dans la profondeur de ton regard une grande bonté. Ton sourire, dénué de moquerie me touchera. Confuse, je te remercierai. J’essaierai de rattraper le coup en sortant un billet. Tu refuseras. Tu refuseras, mais hésitant, tu me demanderas après t’être raclé la gorge de te rendre un service.

Tu me raconteras une fêlure de ta vie. Tu me donneras le prénom, le nom et le mois de la naissance de ta fille, née ici il y a plus de quarante ans et que tu n’as vue qu’une fois. Quand elle était bébé. Et aussi le nom de jeune fille de la mère de ton enfant qui n’avait plus voulu entendre parler de toi à l’époque.

Tu me prieras de te t’aider à faire des recherches pour retrouver ton enfant. Et moi, j’accepterai, honorée par la confiance que tu m’auras ainsi témoignée.

Francine

Jef aérosol est un artiste de Street Art né en 1952, originaire de Nantes, vivant à Lille. Il réalise son premier pochoir à la bombe aérosol en 1982. Son vrai nom est Jean-François Perroy. Il est issu de la culture rock, la musique des années 60-70, les affiches et les pochettes de vinyl. Cela constitue sa première source d’inspiration. Sur les murs du monde entier, Jef Aérosol peint l’être humain, toutes générations et parcours confondus. Ses personnages sont souvent grandeur nature. Il réalise également des pochoirs comme cette œuvre-ci dans son atelier. Dans le cas présent, le support est du carton recyclé, un matériau qu’il apprécie particulièrement.