Jardin au cours d’eau languissant,

Ta verdure se déploie sur horizon

Du ciel étoilé ne reflète que le pan

Qui obscur trouve miroir en son fond.

 

D’aucun le parcourt sans relâche,

Quête impossible d’un ailleurs

Foulé tu es offert hors ambages,

Tu reposes et nourris toute âme sans peur.

 

C’était un beau jardin du tout début des âges.

Le temps y était doux : ni typhons ni orages,

Pour en ternir l’éclat. Un endroit enchanté,

Où l’été fleurissait sans être exagéré.

 

Bruine, rosée, perles de pluie

Sur un lit végétal égrainent leurs diamants

Des rayons facétieux y jouent, s’y pavanent charmants

Dessinant des arcs-en-ciel en harmonie.

 

Nuances de verts, de l’émeraude à la turquoise

Se mêlent et s’entremêlent, se fondent et se confondent,

Nature voluptueuse que jamais nul n’apprivoise,

Cacophonie de cris et de chants se répondent.

 

Gouttes d’eau, rivières, cascades,

Tambourinent, chantent leurs sérénades,

Accompagnées des trémolos enamourés

Des oiseaux prêts à convoler.

 

On y croisait des créatures fabuleuses,

Pelages soyeux, plumes multicolores, huppes merveilleuses.

Ce petit monde aboyant, piaillant, bramant, caquetant,

Se côtoyait en toute liberté, dans un respect impressionnant.

 

Les saisons s’enchaînent sans jamais se lasser,

Les fruits, comme l’Amour, fructifient sans compter

Et l’on aimait danser, chanter, se prélasser

Et même l’Ennui semblait s’être envolé.

 

C’était un bel endroit où il ne faisait jamais froid.

Le soleil réchauffait la terre par sa douce lumière.

Pour échapper à ses rayons, j’allais dans les bois,

Seul espace ombragé où ruisselle la rivière.

 

C’était un merveilleux paradis sans toit,

Dont les paysages et les essences divers

Etaient autant de décors pour mon chez moi,

Habitat de dame nature ma bien chère mère.

De l’aube au soir Adam et Eve se baladaient,

Des fruits offerts, variés, goûteux les régalaient.

Aucune contrainte, aucun effort, ils étaient nus, ils étaient bien.

À tout jamais, Dieu le croyait, ses deux moitiés s’en contenteraient.

 

C’était un beau jardin comme dans les contes de fée.

Une éternelle jeunesse au Temps révélée.

 

C’était le jardin duquel nous fûmes bannis.

La joie était partout, dans les prés, dans les nids.

Les trompes levées des éléphants faisaient plaisir,

A nous, Eve et Adam, qui en étions les sires.

 

C’était un jardin laid de toute fin d’une ère.

La tempête faisait rage : mille éclairs, mille tonnerres,

Pour y créer l’effroi. Un lieu déchanté

Sans fleur, sans gaieté, sans saveur, sans été.

 

C’était un vieux jardin reçu en héritage.

Le temps y était long,

Ni éclats, ni saccages

Pour en réhabiliter l’état.

Un endroit désenchanté,

Où l’hiver figeait tout être modéré.

 

 

Poème collectif réalisé le 28 septembre 2016, à l’atelier « L’Eventail des mots », d’après la première strophe du poème de Vette de Fonclare. Suzanne Frey, Suzanne Pitzl, Corinne Jotterand, Deborah Strebel, Francine Crettaz, Rosane Chollet, Françoise Duvoisin, Francine Howald.