- « Dernier visiteurs sorti ».
- « Dernier visiteur sorti »
- « Dernier visiteur sorti »…
Le message passe de stèle en stèle, de caveau en mausolée, de pierre tombale en jardin du souvenir et aboutit finalement dans le quartier « des vieilles tombes ».
- « Portes closes ».
- « Portes closes ».
Le baron tend l’oreille, reçoit le second message : « Portes choses ? S’interroge-t-il. Il réfléchit un instant, puis transmet finalement à sa voisine – éclair d’intelligence ou chance : « Portes closes » !
Mathilda, n’attendant que cet instant, prend la direction des événements qui s’ensuivent.
De sa tombe à moitié effondrée, elle ne se laisse pas impressionner par le faste, les gravures anciennes ou le prestige de ses vieux voisins de palier. En organisatrice expérimentée, elle crie à son voisinage : – « ça y est les gars ! C’est parti ! ».
Elle ordonne à Marta de faire pivoter sa stèle ornée de vitraux colorés de droite à gauche, créant ainsi un effet boule à facettes. Derrière elle, Rudolph, quand à lui, également porteur de vitraux, se tourne face aux derniers rayons du soleil, projetant ainsi une déclinaison de couleurs chamarrées. Connaissant leur rôle par cœur, tous les autres se mettent à leur tour en place, qui érigeant un peu plus sa stèle, qui redressant une pierre tombale affaissée, qui repoussant le lierre envahissant.
Raclement de gorges, bourdonnement de voix, une cacophonie discordante s’installe rapidement.
Tapant des mains fermement, Mathilda impose enfin le silence.
- « A mon départ, on reprend tous ensemble la première strophe ! 3,2,1… »
Dans le silence du jour qui tombe, s’élève alors les premières notes de l’Ave Maria de Schubert, interprété par le chœur des vieilles tombes.
Texte de Corinne J., écrit lors de l’atelier « Ô temps en emporte le vent » du 2 septembre 2018.