Ce 11 juin 2022, l’Association des archivistes suisses célébrait ces 100 ans d’existence en offrant au public une journée portes ouvertes des Archives de la Ville de Lausanne.
Quel plaisir de découvrir un monde qui m’était jusqu’ici inconnu et de suivre trois petites visites guidées passionnantes, parmi celles organisées par les archivistes responsables des différentes unités. Les Archives de la Ville se situent à la rue du Maupas 47 depuis 1986.
Pour célébrer ce centenaire, les Archives de la Ville ont choisi de revenir sur l’année 1922. Pour ce faire, elles ont opté pour la présentation de 21 pièces, en raison de leur contenu, de leur forme, leur typologie, leur support et leur provenance. Tous ces documents sont passionnants chacun à sa manière ! Grâce aux explications des archivistes, on découvre des aspects variés en lien avec les préoccupations, les joies et la vie des Lausannois et plus généralement des personnes ayant vécu ici il y a cent ans.
Une brochure (cf photo), regroupe ces documents. Pour n’en mentionner qu’un, j’ai été surprise de découvrir une affiche (cf photo) vantant la ligne aérienne Paris-Lausanne ! On s’envolait alors depuis l’aéroport de la Blécherette quand Lausanne se rêvait de devenir une étape importante sur la ligne Paris-Milan. Mais hélas, ce projet, pour plusieurs raisons, a capoté seulement quelques mois après ses débuts…
La première visite guidée choisie m’emmène dans les fonds privés, les donations. Absolument tout, tout est intéressant ! On nous montre une petite pièce dans laquelle se trouvent toutes les (nombreuses !) archives relatives au danseur ukrainien Serge Lifar (1905-1986). Ayant passé les dernières années de sa vie à Lausanne, le danseur décida de laisser ses archives dans cette ville qu’il a particulièrement appréciée. Outre la mémoire de certaines célébrités, on découvre aussi des photographies, des textes, etc… cédés aux archives par des particuliers. Tous ces documents uniques sont la source de la richesse de notre patrimoine historique. On nous montre des lettres, des photographies, un registre contenant la liste manuscrite des écoliers et écolières lausannois de 1922. N’hésitez pas, si des trésors de vos ancêtres dorment dans votre grenier, à les remettre aux archives où ils seront en lieu sûr pour toujours.
On nous explique que si les archivistes doivent numériser tous les documents audiovisuels pour assurer leur conservation, il n’en va pas de même pour les documents papiers. La tâche serait titanesque, impossible à réaliser sans de très gros moyens humains et matériels.
Je poursuis avec une visite des archives anciennes, celles allant du milieu du XII ème siècle à 1803. Là encore les documents que le responsable nous montre et nous commente sont fascinants. Nous avons le privilège de découvrir le plus ancien, celui de 1142 et un autre que je trouve visuellement joli, un plan très ancien de la rue de l’Ale, orthographiée de l’ Hâle… (cf photo). On nous explique que ce plan avait surtout pour but d’établir une liste précise des propriétaires des maisons, et ce pour pouvoir leur soutirer des impôts ! Sur une grande table se trouvent une multitude de documents en tous genres, en lien avec la Tour Bel Air. (Cf photo). Puis une jolie représentation d’architecture d’un projet qui, hélas ne verra pas le jour, de construction d’un bâtiment de type italien qui aurait été en harmonie avec celui du Palais de Rumine. (Cf photo). Regrettable, non ? Le responsable est ému quand il nous raconte l’histoire d’un plan grand format du parc de Mon Repos qui se trouvait dans un coin d’un bâtiment en lien avec la volière du parc. Le document, au dos duquel on avait collé de vieux journaux était très défraîchi et même souillé par des fientes. Sacrilège ! Heureusement, il a pu être restauré et sera convenablement conservé aux Archives de la Ville. On nous montre une copie. (Cf photo).
Et enfin, c’est la découverte avec un autre responsable, des archives dont les supports, très variés, sont des audio-visuels, films, bandes sons etc… À Lausanne, entre 1938 et 1969, on se rendait au Cineac pour y voir des films documentaires projetés avant les séances des grands films. C’est l’arrivée des films documentaires à la Télévision romande vers 1968 qui a précipité la faillite du Cineac. Jusqu’en 1980, un monsieur du Cineac a continué de filmer des documentaires pour la Ville de Lausanne, avec des événements comme la Fête du Bois, etc… D’autres ont repris le flambeau jusque vers que 1994. Dans un premier temps, ces films ont été stockés à la cinémathèque, puis ils ont été récupérés et déposés aux Archives de la Ville. Finalement, concernant les événements locaux, les films documentaires ont été produits par la TVRL. Le responsable actuel travaille aux Archives de la Ville depuis 1997. Actuellement, plus de dix mille documents se trouvent sur une Web TV. En tout, il y aurait cinquante mille documents à déposer sur cette plateforme ! Mais le travail est très compliqué car les supports de base sont parfois défectueux ou alors, les appareils permettant de les lire n’existent plus… Le responsable parvient à traiter environ mille documents par année. À chaque fois, deux fichiers sont réalisés, car il y a un document de sauvegarde. Des informations sur les contenus de ces films sont également écrites et conservées précieusement. Une fois le travail terminé, le responsable s’occupe de la mise en ligne.
Un vrai rocher de Sisyphe, ce boulot ! Cela force l’admiration.
Vous pouvez consulter en ligne les 10222 vidéos de cette Web TV des Archives de la Ville de Lausanne. La consultation des autres archives se fait sur place, uniquement sur rendez-vous.
Le plus simple est de passer par le site officiel de la Ville de Lausanne pour toute information.
Mille mercis aux personnes qui se sont investies dans l’organisation de cette journée « portes ouvertes aux Archives de la Ville de Lausanne ». C’était merveilleux de découvrir quelques facettes de ce lieu qui renferme des trésors inestimables et de réaliser combien le métier d’archiviste comporte des tâches variées.
Francine