Une belle rencontre…
Il n’y a, je crois, qu’une seule personne du PAF actuel (Paysage Audio-visuel Français, on dit toujours ainsi ?), que je rêvais de rencontrer un jour et c’est François Busnel.
Il est, entre autres, le talentueux journaliste-présentateur à l’origine de l’émission La Grande Librairie, sur France 5, chaque mercredi soir, de septembre à juin. Mon émission préférée, immanquable !
Et voilà que j’apprends il y a quelques semaines que ce monsieur va venir en Suisse, à Genève, puis au Lausanne-Palace, pour parler de ses passions, de son parcours et donc de littérature. Précipitation pour obtenir des billets sur le champ !
Ce matin donc, c’est avec une certaine émotion que je me suis rendue avec une amie à cette conférence, suivie d’une séance de dédicaces. Deux cents personnes sont là.
Monsieur Busnel dit préférer de loin poser des questions lui-même, plutôt que de se prêter au jeu de l’interview… On apprendra toutefois que jeune, il s’intéressait surtout au rock (Beatles, Rolling Stones, The Clash). Et puis le déclic par rapport au choix du métier de journaliste est arrivé, lorsqu’à douze ans, il a entendu un jour à la radio Jacques Chancel interviewant Hubert Reeves. À partir de là, le jeune François a décidé « de devenir un jour Jacques Chancel » ! À défaut d’incarner son « idole », et c’est mieux ainsi, il a eu la chance de devenir son ami.
Âgé tout juste de vingt ans, en novembre 1989, il se trouvait à Berlin lors de la chute du mur, au cœur de l’événement qui allait se révéler historique. Il a ainsi effectué ses premiers articles.
Puis il a beaucoup bourlingué dans sa jeunesse, en Afrique et en Asie entre autres. Mais le journalisme de guerre, ce n’était pas ce qu’il souhaitait faire à long terme.
Passionné de littérature il a ensuite pu se diriger au fil du temps vers son domaine de prédilection.
Il nous explique alors, citant F, Scott Fitzgerald, qu’il existe deux sortes de critiques littéraires. Les chacals, dont la question principale posée à un auteur est : « Qu’est-ce que vous valez ? » et les solaires, pour lesquels la principale requête est : « Dites-moi qui vous êtes ». François Busnel se classe à 100% du côté des seconds. Et c’est ce qui rend La Grande Librairie si intéressante. Lors de ses émissions, le journaliste ne cherche pas les éventuelles failles de l’auteur invité. Il s’intéresse avant tout à la vie, à la personnalité de l’écrivain. Il ne se met pas lui-même en avant, pose ses questions avec finesse, élégance et respect.
À une époque où nombre d’émissions télévisuelles « tirent les gens vers le bas », c’est appréciable pour les télespectateurs comme pour les auteurs d’être traité avec considération.
Monsieur Busnel souhaite susciter l’envie de lire en proposant des ouvrages dignes d’intérêt, sans pour autant influencer le lecteur par rapport à ce que lui-même apprécie ou pas. Il se veut, je cite : « être une étincelle qui propulsera le lecteur chez le libraire ». Pour le reste, chacun se forgera lui-même ses propres opinions.
Fasciné et passionné par l’Amérique et la littérature américaine, il nous parle ensuite de sa revue America. Elle sort tous les trois mois et comptera seize numéros. Elle durera le temps du mandat de Donald Trump. Bien sûr, en cas de réélection de ce personnage en 2020, la question de continuer ou non la revue se posera.
America interroge l’Amérique à travers ses écrivains. Récits d’auteurs, entretiens menés par François Busnel. Je me réjouis de découvrir le numéro 9 : « L’Amérique indienne ».
Le prochain numéro sera consacré à la thématique : « Le rêve américain existe-t-il encore ? ».
L’homme nous explique encore qu’il n’a jamais « de grands projets lointains ». Il avance au fur et à mesure de ce que lui apporte la vie, au fil des rencontres aussi.
Il en est une qui aura été très importante pour le journaliste, c’est celle de l’écrivain Jim Harrison. Il ne mâche pas ses mots : le roman Dalva, lu dans sa jeunesse, « lui a sauvé la vie ». François Busnel a donc rencontré de nombreuses fois cet auteur et une forte amitié l’a lié à l’écrivain. Ce dernier avait accepté que le journaliste réalise un film sur lui.
Le décès de Jim Harrison a bousculé le projet. Mais le film, un long métrage, remanié, sortira bien cette année.
La conférence se termine ensuite sur quelques questions de personnes du public, auxquelles le journaliste répond très volontiers. Il se déplace ensuite dans la « Librairie du Palace », un nouveau lieu à découvrir, pour enchaîner avec une séance de dédicaces.
Je suis très heureuse d’avoir eu la chance de rencontrer et écouter François Busnel, un homme brillant, intéressant, drôle aussi. Je lui souhaite de poursuivre avec succès ses nombreuses activités. Et une longue vie à La Grande Librairie.
Francine, le 23 juin 2019.