Me voilà seul.
Me voilà le dernier.
Comme échoué sur une île déserte. Que dis-je une île ! Un caillou, un galet, lisse et poli par les flots. Je m’accroche vaillamment à ma racine, mais à quoi bon ! Mon dernier pote est parti hier. Dans sa chute je l’ai entendu me crier : « Prends soin de ta tige pilaire ; si tu te fais du souci, tu vas te faire un cheveu gris».
Mais à quel souci faisait-il allusion ? Je suis tout seul coincé sur mon follicule pileux, le bulbe bien planté. Qu’est-ce qui pourrait bien m’inquiéter plus que l’ennui mortel de la solitude ? La compagnie de quelques dames pellicules ? Grand bien me fasse, ces garces n’ont aucun ancrage sur moi. Même la trichotillomanie de mon porteur ne m’effraie pas !
Lorsque viendra mon tour de choir, je lui crierai alors : « Ne sois pas si chauve hein ! »
Texte de Corinne, écrit le 8 décembre 2017