Il est de ces personnes connues qui nous sont familières simplement parce qu’elles sont de la même génération que nous. Alors, si on a un peu l’impression qu’elles ont une vie parallèle à la nôtre tout en traversant les mêmes décennies, on constate aussi des points communs entre autres culturels entre elles et nous.
C’est ce que je ressens par rapport à Marie Thérèse Porchet née Bertholet on dira MTPNB, enfin plutôt par rapport à Joseph Gorgoni. Bon je mentionne « la vieille » en premier, parce que c’est elle que j’ai suivie d’abord et que sinon, elle est aussi susceptible de se vexer grave !
Marie-Thérèse Porchet a surgi, pouf, comme ça, d’un coup en 1993, créée par Pierre Naftule et Pascal Bernheim, auteurs de la Revue de Genève et interprétée donc par Joseph Gorgoni.
J’avais vingt-six ans et je trouvais déjà ce personnage de mémère drôle, déjanté, délirant mais assez exaspérant aussi. Surtout quand elle part dans les vocalises avec une voix tonitruante qui tue ! J’ai toujours eu du plaisir à regarder les sketchs quand ils passaient à la télévision, mais je n’ai pas cherché à cette époque à la voir sur scène.
En y repensant maintenant, (nostalgie quand tu nous tiens), les passages de Marie-Thérèse à la télé en ce temps-là me rappellent avant tout des bons moments partagés avec mes parents et mon oncle, maintenant disparus. J’entends encore leurs rires et vois leurs expressions amusées.
C’est en 2004, quand je suis allée voir le spectacle du cirque Knie avec MTPNB, le comédien Florian Sapey et un cochon, un peu lent mais sympa paix à son âme, que j’ai réalisé l’étendue des talents de Joseph Gorgoni. Je n’oublierai jamais ce moment où en tailleur, MTPNB effectue des tours de piste debout, un pied sur chacun des deux chevaux lancés au trot ! Le comédien, en plus d’être un excellent chanteur, possède la souplesse du danseur. D’ailleurs, j’ai entendu dire depuis qu’il a fait Cats. Tout s’explique alors !
Mais je pense sincèrement que je préfère nettement Joseph Gorgoni à MTPNB. Elle me fait rire, oui, mais ça va un moment.
J’ai adoré les deux spectacles sans elle.
D’abord celui de « Joseph Gorgoni de A à Zouc », monté il y a quelques années. Je crois que son style d’humour et ses références culturelles m’ont parlé, entre autres car on est de la même génération ce qui induit des références communes. Et puis Zouc, j’adore.
Il y a du politiquement incorrect dans les sketchs de Joseph Gordoni, parfois sous forme de petites touches mais aussi en mode bien lourd qui écrase tout sur son passage ! Et bien c’est quelque chose de rassurant, dans une époque actuelle peu drôle où il ne semble plus possible de rire de rien sans risquer de chatouiller des susceptibilités.
Et puis il y a ce livre et ce spectacle « Transplanté » dans lesquels se rajoute beaucoup de profondeur. Joseph Gorgoni a failli mourir trois fois en l’espace de six mois, alors forcément, il doit y avoir un avant et un après lorsqu’on traverse de telles épreuves et que l’on « s’en tire miraculeusement », selon le corps médical.
J’ai été extrêmement touchée, tant par votre livre que par votre spectacle, Joseph.
On rit beaucoup et c’est tant mieux car vu la gravité du sujet, ça allège ! Mais on vous suit aussi le cœur serré dans cette période de souffrance à rebondissements improbables et multiples que vous avez traversée. Et alors on réalise combien le fil entre la vie et la mort est parfois bien ténu. Bien heureusement, au final, vous êtes toujours là. Et même si MTPNB va encore râler que vous lui volez la vedette, va falloir qu’elle s’y fasse ! Parce que votre public apprécie également de vous découvrir à travers d’autres facettes de votre talent.
Francine
« TransPlanté » de Joseph Gorgoni, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse 2023.