Une rencontre insolite
L’eau de la mer s’est bien réchauffée car le printemps a été clément. En ce mois de juin, une soirée sur la plage s’annonce possible et agréable.
Le soleil est descendu sur l’horizon et je m’installe sur le sable. La mer avance doucement, c’est la marée montante.
J’ai envie de rejoindre les rochers que l’on voit apparaître et qui se trouvent à deux cents mètres du rivage.
La mer est calme et les vagues me portent. C’est agréable de se laisser flotter dans cette douce lumière du crépuscule. Je ne pense plus à rien. Juste l’eau qui m’entoure. Un sentiment de liberté m’envahit.
Je m’approche des rochers. À l’horizon, seul un phoque me regarde.
Je vais pouvoir me reposer avant le retour. Je m’allonge sur les pierres encore chaudes des rayons du soleil, je reste à rêver. Lentement le sommeil me gagne et finalement je m’endors.
Soudain un coup de tonnerre me réveille. Je sursaute, ouvre les yeux. La mer est haute, l’eau commence à me recouvrir. Un frisson me secoue.
Le ciel est noir, je ne vois plus la plage.
La peur me paralyse, mais je sais qu’il faut partir au plus vite et nager jusqu’au rivage.
La mer commence à se déchaîner, les vagues grossissent, la tempête se fait violente. Deux cents mètres rien que deux cents mètres pour atteindre la plage.
Vite je me mets à l’eau et courageusement je nage. Le ressac me ramène vers les rochers. Que faire ? Rien d’autre que plonger et espérer passer en-dessous des vagues, recommencer jusqu’à traverser cette barrière d’eau pour me retrouver dans la zone plus calme.
Je m’épuise, je me bats contre les éléments.
Tout à coup je sens quelque chose de mou qui me pousse avec force et me pousse encore. Panique, je me retourne et je vois deux gros yeux qui me regardent. Le phoque de tout à l’heure est là, je comprends qu’il veut m’aider.
Je nage comme je peux et me laisse pousser par cet animal impressionnant qui me pousse comme s’il jouait avec un ballon sur son nez.
Un dernier effort et me voilà écroulée sur la plage. Je me retourne. Le phoque me regarde avec ses doux yeux ronds, pousse un cri et s’enfonce dans la mer.
Renée Furrer, texte écrit lors de l’atelier « Floup », le 27 mai 2018 à Nyon.