De l’autre côté du miroir,
Il y a un autre moi, si semblable et si différent à la fois
Il y a mes rêves de changement, mes espoirs parfois
Il y a la vérité cruelle qui pointe son nez là où on ne voudrait pas
Il y a une image peu flatteuse qui met le doigt sur ce qui n’est plus droit
Il y a un sourire compatissant sur ce que je suis devenue ma foi
Il y a des ombres qui ternissent le teint
Il y a des lumières qui s’allument dans les coins
Il y a des éclairs aussi, des étincelles parsemées
Il y a tous ceux qui m’ont précédée
Qui vivent par quelques traits de caractère ou physiques
Il y a des personnages reniés ou sympathiques
Il y a des ressemblances qui font filiation
Il y a des dissemblances qui crient leur rébellion
Il y a la mémoire qui se fait chatouiller
Il y a bilan et comptabilité
Il y a moi, moi, moi, comme un écho
Qui répète tous les maux, tous les mots
Il y a un égo dégonflé
Tout en humilité.
Le miroir qui fuit
Des cernes sous les yeux après une mauvaise ou trop courte nuit
Un comédon purulent comme un Vésuve en éruption
Des cheveux gras et filasses trop fidèles aux contours crâniens
Des bourrelets épris de liberté qui voluptueusement s’échappent des plis
Un habit trop étriqué qui bâille au nombril comme aux corneilles
Votre reflet vous fait horreur ?
Plutôt que de le briser,
Moral à la hausse assuré,
Adoptez le miroir qui fuit,
Efficacité garantie !
Le miroir qui mord
Ce miroir ne peut se contenter d’un simple reflet,
il mord dans la marge, vous prendrez le large !
Pour abattre le présomptueux et lui inculquer l’humilité,
il lui fera mordre la poussière.
Pour le timoré, le replié, l’esseulé ou éternel insatisfait,
ce miroir lui fera mordre la vie à pleines dents.
Pour celui qui subit sans jamais se rebeller, oser,
il lui donnera du mordant.
Pour celui qui, la mort dans l’âme, se regardera dans ce miroir,
Il repartira plein d’élan, le mors aux dents.
Pour attirer l’âme sœur,
se mirer dans cette surface réfléchissante comme l’onde pure
fera qu’une compagne ou compagnon mordra à l’hameçon.
Achetez ce miroir,
Vous ne vous en mordrez pas les doigts !
Trois textes de Françoise Duvoisin écrits en mai et juin 2017.