On m’a contactée au printemps pour me proposer d’animer des ateliers d’écriture sur le thème de la nature dans le cadre d’un camp de vacances d’été pour adolescent(e)s. Le camp était organisé par le WWF et s’intitulait : « La nature au bout du crayon ».
Il avait lieu à Finhaut dans le canton du Valais.
Étant enseignante, j’ai hésité, (pas longtemps !), avant d’accepter ce projet. Dans le cadre scolaire, faire écrire les élèves n’est pas toujours facile… Objectifs à atteindre, évaluations, motivations très variées d’un élève à l’autre, etc… Et puis bon, avais-je envie de passer du temps avec des jeunes durant mes vacances scolaires ?
Mais l’idée d’animer un atelier d’écriture dans un cadre différent où à priori les jeunes ont choisi de venir en connaissance de cause me semblait être une expérience intéressante.
Et cela a vraiment été le cas. Les onze jeunes participants étaient tous gentils, respectueux, ouverts et motivés. Je tenais, moyennant quelques adaptations, à leur faire découvrir un atelier d’écriture le plus ressemblant possible à ceux que j’anime pour les adultes.
Les adolescent(e)s se sont donné(e)s beaucoup de peine, la qualité des textes, premiers jets, était bien là. Vous pouvez découvrir ici certains de leurs textes, « corrigés au minimum par mes soins ».
Très bonne ambiance dans ce camp avec une très sympathique équipe d’adultes à l’écoute des jeunes, toujours souriants et positifs.
Mille mercis à Nathalie Richi-Mauri, l’organisatrice, qui m’a offert la possibilité de passer ces jolis moments d’animation et de partage autour de l’écriture sur ce thème inépuisable qu’est la nature.
Merci aux adolescent(e)s. Et surtout, continuez à lire et écrire et à vous émerveiller de la beauté du monde qui nous a été offert.
Francine
Pourquoi le renard est rusé, roux, de la taille d’un chien…
Il fut un temps où les renards n’avaient nul besoin d’user de leur charme ou de leur ruse. Leur taille était celle d’un lion et ils régnaient en maîtres sur l’Europe. Leurs pelages passaient du brun lustré au noir et si un petit naissait avec un pelage blanc, il serait doté d’un grand avenir et d’une grande puissance.
Les renards étaient bons et justes et ils assuraient la prospérité de chacun.
Un jour, un renardeau gris naquit. Il n’était pas blanc, il n’était pas noir ni brun, il avait roulé dans la cendre.
Le renardeau subit sa différence tout au long de sa vie, si bien que son cœur s’emplit d’amertume et de tristesse. Cependant, il resta fidèle à Mère Nature et ne se vengea jamais. En échange, elle lui promit qu’une femelle l’aimerait et qu’ils seraient destinés à passer leur vie ensemble et non pas juste une saison. Le renard cendré trouva sa promise et ils eurent une portée. Les renardeaux étaient tous d’un brun ébène et leur avenir s’annonçait beau, aussi leurs cœurs étaient purs et sincères.
Une fois adultes, les trois renards se rendirent auprès des grands chefs pour tenter de faire partie un jour des leurs. Mais quand ils annoncèrent qui était leur père, les grands chefs les refusèrent et les bannirent.
Seulement, ce n’était pas assez et les chefs voulurent effacer la lignée du renard couleur cendre qui entachait la réputation des dirigeants de l’Europe. Ils décidèrent alors de le tuer dans la nuit, pour que personne ne le sache.
Mais quand Mère Nature découvrit le corps sans vie des malheureux, elle entra dans une grande colère et décida de punir les renards pour leur égoïsme et leur stupidité.
Elle se présenta devant les chefs et dit :
« Vous, renards, avez sacrifié un innocent, de plus de votre espèce, pour conserver une réputation… qui est factice ! Vous avez agi avec cupidité et stupidité. Moi, Mère Nature, je vais vous punir, vous et tous les autres. À partir d’aujourd’hui, votre ventre sera blanc, les bouts de vos pattes noirs et votre pelage sera roux, la couleur de l’humilité… Votre taille sera celle d’un chien et vous devrez user de votre intelligence pour manger. Telle est ma sentence. » Et Mère Nature se retira.
Depuis ce jour, les renards sont roux, discrets, et… malins !
Texte de Valentine, 13 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Comment les abeilles ont appris à collaborer entre elles…
Un jour de printemps, une vieille dame qui avait vécu des choses extraordinaires dans sa vie, décida de faire une très longue marche. Cette dernière arriva aux Gorges mystérieuses. Devant elle, le paysage s’offrait, extraordinaire. La rivière bleu turquoise, faisait un bruit apaisant. La roche, grise foncée, amenait un contraste aux nuances de verts de cette forêt. Juste devant elle, descendaient des cascades. À sa droite, il y avait une grotte sombre, profonde.
Un jeune homme de taille moyenne, aux yeux bleus et à l’air amical vint voir la dame et lui proposa de monter avec lui jusqu’au point de vue. La dame hésita, puis accepta.
Ils montèrent peu à peu. Une fois en haut, ils arrivèrent au point de vue. La vue était magnifique. Le jeune homme amena la dame au milieu de la forêt. L’endroit était sombre et tous les arbres étaient identiques. Il se demandait si cette femme pouvait être sa grand-mère…
Soudain, la dame eut peur. Elle alla voir sur sa carte, mais cet endroit n’était pas indiqué. Tout à coup, leur peau se mit à briller. La vieille dame ne comprenait pas ce qui se passait. Ils regardèrent autour d’eux et réalisèrent qu’ils étaient tout petits, beaucoup plus petits que les arbres. Le jeune homme monta sur un rocher et cria :
« À l’aide, à l’aide, à l’aide ! »
Une abeille reine répondit à leur appel. Elle leur expliqua qu’elle allait bientôt mourir et que dans ce cas, les abeilles allaient disparaître. En ce temps, les abeilles ne connaissaient pas la coopération.
« Vous ne travaillez pas ensemble ? demanda la femme.
– Non, les abeilles sont toutes égoïstes, répondit la reine.
– Et bien nous allons réunir toutes les abeilles et les convaincre de vous aider, répliqua le jeune homme. »
Les deux humains réussirent à réunir toutes les abeilles des alentours.
(Vous vous demandez sans doute comment ils ont fait, mais à ce jour, nous l’ignorons encore).
La reine, grâce au pollen apporté par toutes les abeilles, put se nourrir correctement et survivre. Elle récita alors un poème :
« Ô les montagnes, par ce bel été, reflétez plus de lumière ! ».
À ces paroles, le jeune homme et la vieille dame cessèrent de briller et retrouvèrent leur taille normale.
Ils se souvinrent toujours de cette expérience incroyable.
C’est depuis ce jour, grâce aux deux promeneurs, que les abeilles ont appris à collaborer entre elles.
Texte de Lucas, 13 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Pourquoi le loup est devenu craintif…
Le loup est un animal qui appartient à la famille des canidés, cousin et ancêtre du chien. Ce chasseur chasse le plus souvent en meute, mais parfois, il arrive qu’un loup soit seul face à la nature qui l’entoure.
Dans le passé, le loup n’était pas peureux envers les humains et le bruit. Les humains et les loups étaient amis et les hommes apprivoisaient les bêtes et les aidaient même à chasser.
Mais un jour, un homme méchant et cruel se mêla aux villageois. Il n’avait aucune empathie envers les autres êtres vivants. Il aimait les tue pour le plaisir. Un jour où il frappa et battit un loup à l’aide d’un gros bâton, les autres loups se précipitèrent pour sauver leur frère. Ils mordirent et griffèrent l’homme méchant qui prit la fuite. Il fut ensuite poursuivi et blessé par les villageois très en colère contre lui. Il disparut comme il était venu.
Les loups discutèrent longtemps entre eux et décidèrent de rester amis encore quelques temps avec les villageois, mais ce n’était plus pareil. Ils avaient perdu leur confiance en l’humain. Un jour, ils s’enfuirent dans la nature, très loin du village.
C’est depuis ce jour que les loups craignent les hommes, certaines odeurs, les bruits, les voitures.
Texte de Tidiane, 12 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Mort
Il sombre
Dans la solitude
Personne ne l’aide
Sa peau est si froide
Il veut pouvoir revenir en arrière
La vie est dure, sadique et injuste
Le dieu Hadès l’accueille dans son royaume
Il maudit ce monde et sourit à la mort
Tentant, en vain, de retrouver le chemin de la vie
Son âme triste et vaincue se résigne à disparaître
Chaque homme toise son corps après le châtiment
Son esprit se perd dans la solitude
Son âme perdue dans son cercueil
Se vidant de son sang
Il descend en enfer
Chaque minute passe
Comme une
Éternité
Oulipo de Thelma 13 ans, Diane 12 ans, Maya 13 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Pourquoi les lamas crachent…
Il y a fort longtemps, du temps de l’invention des animaux, le lama était complice avec le saumon. Tous deux réglaient les problèmes en mer, comme par-exemple les poissons blessés, les baleines en danger, etc…
Or un jour, un drame arriva… L’invention des humains. Ils gâchèrent la sérénité qui régnait sur Terre. Tout d’abord, ils chassèrent les petits animaux, ensuite, ils enrichirent leurs connaissances, jusqu’au jour où ils polluèrent chaque partie de la planète.
Très vite, le lama et le saumon se rendirent compte d’une terrible insuffisance en arbres et en eaux. Tout cela leur manquait. La mer dans laquelle vivait le saumon se dessécha peu à peu, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Alors le lama dut trouver une solution à ce problème. Fort heureusement, il se rendit compte qu’il pouvait cracher pour réanimer la mer. Cela lui prit énormément de temps, mais tous les autres lamas du monde l’aidèrent. Et ce fut comme ça que la mer et tous les animaux, dont le saumon, purent vivre de nouveau dans leur habitat naturel.
Depuis ce jour, tous les lamas de la Terre gardent ce réflexe de survie.
Texte de Diane, 12 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Pourquoi le lynx a des pinceaux de poils sur le bout des oreilles…
Un jour, le tout premier lynx, encore jeune et inexpérimenté, partit en quête de gloire pour que quand il aurait des petits il puisse leur raconter ses exploits.
Il sortit de la petite grotte où il dormait et partit en direction du village des humains, ces drôles de créatures sur deux pattes, qui plusieurs fois déjà, avaient tenté de prendre sa belle fourrure pour s’en vêtir.
Il en repéra vite un à la lisière de la forêt. Un tout jeune, à ce qu’il lui semblait, qui jouait derrière sa maison. Aucun grand en vue. Il bondit, sortit les griffes, et rata son coup. Il retomba par terre, ne comprenant pas. Le jeune humain était là pourtant, juste là.
Soudain, il comprit, leva les yeux, et vit l’enfant dans les bras de sa mère. Elle l’avait attrapé avant qu’il ne tombe dans les griffes de l’animal. L’humain femelle posa le petit derrière elle, faisant rempart de son corps.
Le lynx feula et encore une fois, il bondit. Cette fois, il ne raterait pas son coup, pas encore ! Il poussa un cri, une douleur aiguë émanait de ses oreilles. L’humain femelle l’avait attrapé avant qu’il ne frappe. Elle le lâcha, courut vers son petit et prenant ce dernier dans ses bras, elle partit en courant.
Le jeune lynx, le premier, hébété par la douleur contempla son reflet dans une flaque et vit avec horreur que les poils de ses oreilles s’étaient presque décollés.
Et c’est comme ça que les lynx ont ces pinceaux de poils sur le bout de leurs oreilles.
Texte de Thelma, 13 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
A la fin de la saison
V ient le printemps, et les eaux
R emplissent les ruisseaux
I nombrables primevères
L a nature se lève
Acrostiche d’Anya, 13 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Pourquoi les faucons pèlerins descendent en piqué pour attraper leurs proies…
Bien avant notre ère, tous les oiseaux volaient de la même manière
Un jour, un aigle vit une proie, un campagnol plus précisément. Le problème, c’était qu’un faucon pèlerin avait repéré la même proie et suivant l’aigle, il lui rentra dedans !
Il faut se rendre compte que l’aigle était un aigle royal… il avait quand même sa fierté.
« Eh, regarde un peu où tu voles ! s’énerva l’aigle.
– Oh, pardon, j’étais concentré sur mon campagnol…, répondit le faucon pèlerin.
– Non, non, non, ça c’est mon campagnol ! rétorqua l’aigle.
– Ah non, c’est moi qui l’ai vu en premier ! s’énerva à son tour le faucon pèlerin.
– Ah oui, ah oui ? cria le roi des aigles.
– Eh oui, ajouta en se redressant fièrement le faucon pèlerin.
– Et bien non ! hurla l’aigle. »
Et il lui asséna un gros coup en plein sur la tête ce qui l’assomma. Le faucon pèlerin tomba très vite avec les ailes collées au corps. L’aigle se dit que s’était bien fait pour lui et que cela lui apprendrait à vouloir lui voler son repas.
Mais la chose la plus improbable se produisit. En effet, le campagnol s’était arrêté pour manger un épi. Bien que toujours inconscient, le faucon pèlerin fonça droit sur le petit animal. Et d’un coup, sans même le vouloir, l’oiseau choppa le campagnol car sa bouche était ouverte. L’oiseau s’écrasa sur le sol et mourut.
Mais un autre faucon pèlerin avait assisté à toute la scène. Quelques jours plus tard, il essaya de descendre en piqué de la même manière et constata que cette technique fonctionnait à merveille. Il transmit cela à ses descendants.
C’est depuis ce jour que le faucon pèlerin utilise la technique de la descente en piqué pour chasser.
Texte de Maxime, 12 ans, écrit dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.
Renard
Renard que nous ne faisons qu’apercevoir
Renard qui vit, libre comme l’air
Renard caché dans la forêt
Renard sage
Renard silencieux
Renard mystérieux
Renard laisse-moi courir à tes côtés
Ce que je me sens à l’étroit chez moi.
Pluie
Pluie ma seule amie
Pluie veille et réveille
Pluie écoute, jamais ne doute
Pluie libre joue avec le vent
Comme un petit enfant qui virevolte entre tes gouttes
La Terre danse sur ta musique
Pluie tu fais naître dans ton clapotis
Des âmes pleines d’espoir et de rêves
Mais ces dernières, ne seraient-elles pas déçues du monde dans lequel elles sont confinées ?
Poèmes de Valentine, 13 ans, écrits dans le cadre du camp WWF « La nature au bout du crayon », juillet 2022.