Il est des rencontres improbables que l’on espère et qui se réalisent curieusement sans effort. Ayant été emportée par la lecture des trois romans de Gabriella Zalapi, Antonia, Willibald et Ilaria, je rêvais de lier connaissance avec cette autrice. Je l’avais déjà vue lors de séances de dédicaces, mais le temps d’une signature est très court. J’espérais plus.

La Maison Rousseau Littérature de Genève m’a permis de concrétiser mon souhait en proposant deux après-midis d’atelier d’écriture sur le thème de la rencontre, (ça tombait bien !), animés par Gabriella Zalapi. C’était en mars 2025.

Je découvre une écrivaine très gentille, d’une grande générosité envers les participants à l’atelier. Elle est soucieuse de trouver le mot juste, prend le temps nécessaire de la réflexion avant de parler, ce qui rend ses interventions précises et intéressantes. Ses mains, fines, ont leur langage propre. Quand elle s’exprime, il n’y a pas un bruit.

Lors la lecture de nos textes, elle nous écoute, visage concentré, yeux fermés, tête appuyée sur ses mains. Ses commentaires sont pertinents, permettent d’aller de l’avant.

L’énergie entre les participants est porteuse, l’ambiance est bienveillante.

J’ai appris beaucoup de choses qui me seront concrètement utiles dans mes travaux d’écriture. Merci mille fois, Gabriella.

Gabriella Zalapi a des origines anglaise, italienne et suisse. Elle vit actuellement à Paris. Plasticienne de métier, elle a toujours écrit, mais longtemps, seulement pour elle-même. À un moment donné, cela lui est devenu plus difficile de poursuivre dans la peinture. Elle explique s’être sentie « bloquée ».  C’est alors qu’elle s’est tournée vers l’écriture.

Ses livres sont des romans, entremêlant des éléments de fiction à des faits réels tirés de son vécu familial et personnel.

J’aime les histoires dont il est question, tant en ce qui concerne le fond que dans la forme. Une écriture sans fioritures et capable de bouleverser lecteur.

Gabriella Zalapi a reçu de nombreux prix pour ses romans.

Je vous recommande vivement la lecture de ses trois romans, tous parus aux éditions Zoe. Les deux premiers sont également disponibles aux éditions Le livre de poche.

Antonia (Journal 1965-1966). On découvre l’histoire d’Antonia, aux origines cosmopolites, qui durant deux ans essaie à partir de documents reçus, lettres, photographies, de reconstruire le puzzle familial. On suit également à travers ce journal le quotidien de cette personne, son émancipation féminine ancrée dans les années 1960.

Willibald. La jeune Mara est fascinée par un tableau qui se trouve dans le salon de son appartement. Il représente le Sacrifice d’Abraham.

Willibald, un entrepreneur et collectionneur juif a acheté cette toile qui est la seule qu’il emporte dans sa valise quand il fuit Vienne en 1938, pour poursuivre sa vie au Brésil. Mara, lors d’un séjour en Italie chez sa mère Antonia, découvre des lettres et des photos de Willibald qui la questionnent. Sa mère peine à être en mesure de satisfaire ses interrogations.

Ilaria ou la conquête de la désobéissance. En 1980, Ilaria, huit ans, est enlevée par son père. Il va l’emmener en voiture à travers le nord de l’Italie. La petite fille doit composer avec l’absence de sa mère et les errements de ce papa instable. Le lecteur suit de l’intérieur l’écroulement de cette petite fille qui doit apprendre à grandir seule, à travers un roman dont l’écriture est concise, juste, efficace.

Francine